Père était très autoritaire...
- Le 24/04/2019
- Dans Vos difficultés
Hier soir, un des participants du groupe de parole a évoqué l´autorité de son père et l´oppression qu´elle a fait peser sur son enfance. La presque moitié des hommes du groupe a témoigné d´un sentiment similaire.
Le combat ne se déroulait pas à armes égales et très peu ont trouvé les ressources de s´y confronter. Tous ont plus ou moins adopté la même stratégie, faire le dos rond en attendant que la fuite soit possible.
La véritable autorité n´est pas genrée. Elle émane aussi bien d´une femme que d´un homme. Pourtant l´inconscient collectif en fait plutôt un attribut masculin. La période étant propice aux changements de regards et autres remises en cause de stéréotypes, mettons sur table cette répartition caricaturale, l´amour à maman, l´autorité à papa.
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L´autorité est un pouvoir dont nous sommes friands comme de tous les pouvoirs. Elle peut être légitime et aidante ou usurpée et asservissante. Mais dans une loi des hommes faite par les hommes légitimité et usurpation deviennent vite synonymes. En hériter uniquement sous le prétexte d´être un homme la classe potentiellement dans la deuxième catégorie, d´autant plus dangereusement que nous détenons déjà de nombreux autres pouvoirs. Il est particulièrement difficile de lutter contre l´autorité d´un père ou d´un mari dont on reçoit subsistance, porte le nom et que la société investit de tout pouvoir de représentation et de décision sur notre existence.
Une autorité bienveillante ne peut s´attribuer, elle se mérite par l´acquisition d'un minimum de conscience. Celle côtoyée dans les sphères professionnelles et même personnelles a donc plus souvent vocation à dominer qu'à élever l'autre. Sa nocivité est d´autant plus grande qu´elle impose les idées et les valeurs de piètre qualité auxquelles la force est nécessaire.
Dans la famille, beaucoup de difficultés relationnelles apparaissent à l´adolescence avec le début de conscience par l´enfant de son pouvoir personnel. Il est dans l´ordre des choses que le premier usage qu´il en fasse soit de se dégager de ce qu´il perçoit comme oppressant. Si vous n´avez pas choisi le bon camp, si votre autorité de père n´a pas été accompagnante ou qu´elle n´a pas été reçue comme telle, les problèmes relationnels seront à la hauteur et un conflit va naitre dont personne ne sortira vainqueur.
Qu´il perdure ou pas va en grande partie dépendre de vous.
Si vous vous obstinez ou accentuez la pression, votre enfant peut ployer mais le manque de confiance dans sa valeur va lourdement handicaper sa vie et vous allez perdre la relation privilégiée que vous rêvez d´avoir avec lui. Le cercle du mépris sera amorcé.
Si vous prenez votre part de responsabilité dans sa révolte, si vous lui montrez le respect qu´il mérite et tout ce qui fait de lui un être unique, c´est lui qui remettra entre vos mains le trésor dont vous rêvez, la reconnaissance de votre autorité pour l´aider à avancer dans sa vie. Le cercle vertueux du respect sera amorcé.
Enfants, vous avez le droit d´attendre de votre parent un accompagnement aimant, synonyme de respectueux. C´est la normalité. Si ce n´est pas le cas, dès que votre discernement le permet, dès que vous en avez la possibilité et le courage, prenez soin de vous et si nécessaire protégez-vous. La fuite ne peut être qu'une solution d´urgence. Jamais elle ne guérira les dégâts causés. Elle les laissera plutôt s’enkyster. Pour devenir un adulte vous devrez impérativement vous confronter, vous réapproprier le pouvoir et la reconnaissance dont on vous a privé. Sans eux les séquelles seront innombrables dans tous les compartiments de votre vie.
Parents, vous n´avez aucun droit sur vos enfants, uniquement des devoirs. Comme le dit le poète, « Nos enfants ne sont pas Nos enfants. Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. » Khalil GIBRAN